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Chapitre 24
Le livre blanc de Freya
Ark passa quelques secondes de plus à observer le livre sous toutes ses coutures, sans l’ouvrir. Il le tourna et le retourna entre ses mains, scrutant la tranche, analysant la couverture, passant son doigt sur le papier noir des pages.
Ark s’immobilisa et regarda Thorsfeld sans répondre.
Thorsfeld recula, collant son dos contre le dossier du trône, les doigts en tenaille autour de son menton. Il posait sur le Prince de Nornfinn un regard dans lequel se mêlaient impatience et frustration. Il n’avait pas imaginé qu’il refuserait de lire cet ouvrage ; pourtant, il était le seul capable de lui apprendre de qu’il contenait.
Thorsfeld lui prit le livre des mains. Ark ne fit rien pour l’en empêcher ; de toute façon, il était incapable de le lire.
Ark reprit le livre et, pour la première fois, l’ouvrit au milieu. Il parcourut les pages en arrière.
Il s’arrêta à une page particulièrement remplie, et s’assit finalement sur la chaise que Thorsfeld avait utilisé lors de son entretient avec C. Il commença sa lecture à voix haute.
Cela semblait faire une éternité que la lumière n’avait pas touché le sol de sa cellule. Depuis qu’ils avaient calfeutré l’unique ouverture du mur par prévention, elle ne pouvait plus observer l’ombre des barreaux se dessiner sur le sol de pierre au fur et à mesure que le soleil grossissait le matin, ni la voir disparaitre lentement le soir. Elle avait alors perdu toute perception du passage des jours. Tout comme la neige, l’air frais et la vie, le temps avait cessé de pénétrer dans sa cellule.
Même la douleur avait déserté les lieux ; au fil des semaines pendant lesquelles ses poignets avaient été attachés à une courte chaine encastrée dans le mur, elle avait cessé de sentir l’acier mordre la peau de ses bras et de ses mains. Elle avait aussi arrêté de se lever régulièrement pour ne pas laisser ses jambes dépérir. À quoi bon, de toute façon ? Elle allait finir par mourir, comme tous les autres. Ce n’était qu’une question de temps. D’ici là, elle resterait immobile.
Les autres avaient quitté la cellule, un à un, mais aucun n’en était sorti vivant. Tous avaient été victimes de la peste blanche, « la maladie » comme disaient pudiquement les villageois. Leur village avait été touché, comme tous les autres. On avait aussitôt entassé les malades dans cette vaste cellule souterraine, pour empêcher la maladie de se propager, et ainsi éviter le sort de certaines des premières villes touchées, que la peste blanche avait totalement vidées de ses habitants. En même temps que tous les autres, elle avait commencé à entendre ce sifflement indistinct dans ses oreilles. Comme tous les autres, ses yeux étaient devenus oranges ; une mutation qui aurait été magnifique si elle n’était pas annonciatrice de l’épidémie la plus dévastatrice que Dromengard ait jamais connu. Puis, finalement, ses cheveux avaient déteint, comme les autres, jusqu’à devenir blancs comme la neige. Des dizaines de personnes aux yeux orange et aux mêmes cheveux blancs avaient été entassés dans cette cellule en attendant la mort. Car la peste blanche n’avait pas de remède. Ceux qu’elle touchait ne mouraient pas de suite, mais tous finissaient par périr un jour ou l’autre. Un à un, ils commencèrent invariablement à avoir de la fièvre. Puis leurs cheveux devinrent cassants. Puis ils délirèrent. Puis ils crachèrent du sang, et quelques heures plus tard, ils rendaient l’âme. Leurs corps étaient emmenés à l’extérieur par des hommes emmitouflés de couches épaisses de vêtements qui finissaient par être enterrés profondément avec les cadavres qu’ils avaient transportés. Elle savait comment ils procédaient. En secret. Le moins de contacts possibles. Les morts s’entassaient dans des fosses communes, loin du village, au plus profond de la forêt, chaque orifice solidement cousu avec du fil épais, pour empêcher la maladie de s’échapper de l’intérieur de ses victimes. L’incinération aurait été plus sûre pour tuer la maladie, mais c’était hors de question. À Dromengard, selon l’enseignement d’Edelyn, le corps des innocents ne peut être livré au feu.
Ses yeux étaient oranges, ses cheveux étaient blancs, mais elle, elle était toujours là. Elle vivait toujours, et se raccrochait à son souffle comme un homme à la mer se raccroche à une planche flottante. Elle le sentait circuler en elle, faisant gonfler sa poitrine pour sortir par sa bouche entrouverte. Ce souffle, c’était la preuve qu’elle était vivante. C’était la preuve qu’elle était l’exception.
Personne n’avait survécu à la peste blanche. Elle, si. Pour le moment. Cela devait faire des jours que la dernière victime du village avait quitté la cellule. Elle avait vu sa famille et bon nombre de ses amis vomir du sang et s’étouffer, avant que leur corps brisé s’immobilise, froid comme la pierre. Mais elle n’était pas morte. Ses symptômes n’avaient pas évolué. Pourtant, personne n’avait jamais survécu à la maladie, personne ne s’en était jamais remit. On savait qu’elle finirait par mourir, et elle en était tout aussi persuadée. Mais depuis des jours qu’elle était là, et bien contre sa volonté d’en finir, son corps se cramponnait à la vie. Pas de fosse commune pour elle, pas de bouche cousue au gros fil. Seulement une éternité de solitude dans une cellule gigantesque.
Son esprit, de plus en plus, sombrait dans de demi-rêves indolents. Elle ne dormait plus vraiment, car son corps se fatiguait à peine. Elle somnolait, sans plus, luttant contre des songes informes qui tantôt prévoyaient sa mort, et tantôt lui dictaient de tenir plus longtemps. Tous n’étaient pas effrayant, mais tous étaient des cauchemars.
Seule, attachée au mur par une lourde chaine rouillée, couverte seulement de haillons, elle laissait son esprit vagabonder, ne lui opposant pas plus de contrôle qu’à son corps. L’odeur de la cellule, et sa propre odeur, avaient cessées d’être insupportable ; comme le reste, elle s’y était habituée. Son esprit et son corps s’étaient faits à ces conditions comme du miel coulant autour de cailloux affutés. Rien n’avait plus d’importance, si ce n’est la mort.
Dans cette cellule, baignée par la mélodie indolente du désespoir, elle resta face à elle-même pendant une éternité.
Et puis un jour, pour la première fois, quelque chose parvint à atteindre ses sens.
Ses oreilles, plus précisément : elle entendit du bruit venant de l’extérieur, s’insinuant à travers le calfeutrage des barreaux. Une clameur. Puis plus rien. Puis de nouveau des cris. Et alors qu’elle commençait seulement à retrouver la volonté de tendre l’oreille, un son terrible envahit la cellule, le monde, l’univers, un choc sonore si terrible que son intensité l’assomma presque. C’était comme si la foudre s’était abattu sur sa tête. Mais au lieu de la fureur du ciel, ce fut le plafond de la cellule qui s’écroula sur elle.
Des tonnes de pierre et de gravats emplirent la cellule dans un chaos terrifiant. Combien de chance avait-elle de survivre de nouveau ? Aucune, et pourtant, elle ne mourut pas, une fois de plus. Un espace, un interstice, deux larges pierres en porte-à-faux, autant de niches l’empêchant d’être broyée. Ses mains étaient libres : les chaines qui enserraient ses poignets avaient été détachées quand le mur dans lequel elles étaient encastrées avait cessé d’être un mur pour devenir un tas de briques, puis un amas de cailloux réduits en poussière par le poids de la terre et de la pierre.
Soudain, son esprit était réveillé : pour la première fois depuis des jours, voire des semaines, elle était capable de réfléchir, et elle ne savait qu’une chose, c’est qu’elle voulait vivre, que puisque la maladie ne l’avait pas emportée, alors elle pouvait partir, redevenir libre et vivante de nouveau. Elle creusa la terre de ses ongles que des semaines d’incarcération avaient rendus longs et noirs. Elle écarta des pierres avec une force renouvelée, elle qui s’était sentie d’une extrême faiblesse depuis des jours. Ses yeux cherchaient la lumière, son souffle s’accélérait comme jamais, et ses poumons vibraient comme pour montrer leur soif d’air frais. Et enfin, pour la première fois depuis des lustres, ses yeux furent éblouis par la lumière du soleil. Un rayon lumineux se posait sur son visage ; elle se débattit un peu plus, et elle fut dehors. Au milieu du village détruit et en proie aux flammes.
Pas un seul bâtiment n’était debout. Tout était réduit à l’état de ruines crachant des flammes hautes comme une maison, qui léchaient la pierre et le bois dans une danse obscène. Des cadavres calcinés parsemaient le sol. Il ne restait pas une once de vie autour d’elle, et sur son visage se lut alors une détresse sans nom, un désespoir que seuls pouvaient connaitre ceux que vie et mort avaient rejetées de concert dans un enfer bien pire. Tout était mort, tout était détruit, et elle était seule, au centre du village, couverte de terre et de crasse, incapable de bouger, insensible aux lueurs orangées qui se reflétaient sur sa peau et ses cheveux.
Combien de temps resta-t-elle immobile, incapable ni de se mouvoir, ni de déterminer si elle était vivante ou morte ? Elle ne s’en souvint jamais. Mais ce qui la sortit finalement de sa torpeur resta éternellement gravé dans sa mémoire. Elle ne fut capable de réagir que lorsqu’elle le vit, Lui, en train de marche vers elle.
C’était un homme, mais il semblait bien au-delà du statut de simple humain. Il était de taille moyenne, mais paraissant gargantuesque. Il était légèrement courbé, mais sa stature semblait terrible et triomphante au milieu des flammes. Ceint d’une cape noire à l’extrémité éthérée virevoltant à ses côtés et habillé d’une armure de verre et d’acier, il portait sur ses cheveux noirs une couronne dorée. Elle savait qui il était, et que c’était lui qui avait détruit le village. Elle savait que les nuages s’étaient rassemblés dans le ciel et avaient déversés sa rage sur la terre des hommes, en un foudroiement de lumière implacable. Car c’était ainsi que se manifestait sa colère dans les livres qui étaient enseigné à chaque âme vivante de Dromengard. C’était le jugement de celui qui se trouvait en face d’elle, le Dieu-Roi, Thorsfeld.
Elle était de nouveau figée, mais cette fois ce n’était pas la surprise ou le désespoir qui lui faisait cet effet, mais bien la peur, dans son expression la plus primaire. Elle était face à Thorsfeld, le Dieu-Roi lui-même. L’incarnation de la terreur et de la puissance. Le sujet de tant d’histoires que les mères racontaient à leurs enfants pour les forcer à bien se comporter, le créateur du monde, celui qui avait infligé l’hiver éternel aux humains.
Elle allait mourir.
La silhouette noire avança, lentement, dans sa direction, imposante et terrible. Il finit par arriver à sa hauteur mais ne s’arrêta pas pour autant. C’était à peine si elle était capable de le distinguer car ses yeux étaient brouillés par des larmes, expression de la panique la plus intense qu’un humain puisse ressentir. Il passa à quelques mètres d’elle sans même ralentir, ne posant même pas un regard furtif à cette gamine terrifiée qui restait immobile, si près de lui, n’osant pas même tourner la tête pour le regarder.
Puis l’instant d’après, il ne fut plus là. Il ne courra pas, ne s’envola pas, il cessa simplement d’être présent à cet endroit précis ; son départ laissa comme une absence, un vide phénoménal laissé par la disparition de quelque chose qui n’aurait pas pu disparaitre si vite. La tension, jusque là palpable, redescendit instantanément, laissant seulement derrière elle une atmosphère de fin du monde, ponctuée par une odeur de sang et de cendre mêlées. Pour bien appuyer ce retour à la normale, une pluie fine se mit à tomber, imbibant peu à peu le sol ravagé, arrosant tranquillement les flammes, et faisant couler des gouttes sur la peau de la fillette, qui se mêlèrent à ses larmes. Elle se laissa tomber au sol, brisée.
Ark arrêta sa lecture pour poser un regard lourd de reproches sur Thorsfeld.
Il reprit sa lecture.
Elle resta allongée à terre, vidée de ses forces, pendant des heures. Elle était incapable de se relever. Se relever, pour quoi faire ? Tout avait disparu. Elle avait survécu à la peste noire, à Gudenlyn, et au Dieu-Roi, mais c’était inutile, parce que tout ce qu’elle connaissait s’était envolé. Son univers avait été annihilé par un Dieu, et elle ne pouvait rien y faire.
Mais contrairement à son corps, son esprit refusait de se laisser mourir. Ses pensées étaient plus précises et plus nettes que jamais, comme si ces semaines d’apathie l’avait laissé intact et pressé de jaillir de nouveau. Et plus elle pensait au Dieu-Roi, plus sa colère montait en elle. Une colère froide, logique, qui partit d’une amertume infinie pour grandir, se développer, envahir chaque recoin de son être et dévorer sa peur et son chagrin. Thorsfeld avait détruit sa vie. Il l’avait libérée, mais c’était uniquement pour la plonger dans une horreur plus profonde encore, pour lui montrer la mort de tout ce qu’elle connaissait et la faire sombrer définitivement dans le désespoir. Il n’avait pas daigné la regarder, ni même la toucher, car la tuer aurait mis fin à ses souffrances.
Mais elle était en vie. Elle était l’exception, la survivante. Et lentement, implacablement, une idée germa dans sa tête. Une idée folle, inconcevable, inhumaine. Elle commença minuscule, inaudible, cachée derrière des murs de crainte et de douleur ; puis comme la colère, et aidée par cette dernière, elle prit de l’ampleur, jusqu’à inonder son cerveau et s’imposer comme la seule issue possible. Elle ne pouvait plus s’en détourner, impossible de penser à autre chose.
Thorsfeld devait payer, et ce serait elle qui le trouverait et lui ferait subir ce qu’il lui avait infligé. Elle allait défier un Dieu.
Une pensée ridicule et folle, mais qui lui fit ouvrir les yeux. Elle bougea une jambe, puis un bras, puis le corps entier. Avec un effort infini, elle s’appuya sur ses mains, posa un genou à terre, et enfin se releva totalement, encore nimbée par la lueur bouillante des flammes dévorant les restes de ce qui était autrefois son village, une éternité plus tôt. Chagrin et douleur s’étaient transformés en une rage sourde et une détermination implacable. Sa haine l’avait fait renaitre, habitée d’une soif de vivre qu’elle n’avait plus ressentie depuis les prémices de sa maladie. Elle écrasa la dernière larme qui toucherait sa joue avant des années.
Celle qui se releva n’était plus une enfant terrorisée face à la flamme. Elle était une nouvelle personne, et le feu était maintenant en elle, nourrissant sa colère.
Un feu qui ne la quitterait jamais.
La pluie s’était intensifié, pour finalement, quelques heures plus tard, verses ses dernières gouttes sur les ruines fumantes de ce qui avait autrefois été un village. Le feu s’était éteint, faute de matière à consommer. Du village, il ne restait rien. Sauf elle.
Elle avait creusé des trous à la main partout où elle avait trouvé des cadavres calcinés par le Gudenlyn et l’incendie qui en avait résulté. Elle y avait poussé les charognes avant de les recouvrir de terre. Ils avaient été assassinés et brûlés, un sort terrible en totale contradiction avec tout ce que la religion enseignait aux humains, mais cette action n’avait pas été perpétrée par un humain. Si fine soit la couche de terre recouvrant les corps des villageois, au moins étaient-ils enterrés.
Elle n’arrivait quasiment plus à distinguer la peau de ses mains, sous la crasse et la poussière. Ses paumes et ses doigts étaient noirs et collants, ses bras étaient entaillés et couverts de sang séchés, mais elle ne s’était pas arrêtée avant que les ruines du village soient débarrassées du moindre cadavre. Sa détermination nouvelle lui avait permis de tenir ; désormais, elle se sentait habitée d’une énergie inépuisable.
Le village était détruit, ses habitants étaient morts, et il lui fallait maintenant le quitter à son tour, pour laisser les âmes meurtries et les pierres brûlées reposer en paix. Cet endroit n’était plus le lieu vivant qu’il était autrefois ; il n’était plus dédié qu’à la mort et au silence éternel. Rien ni personne ne pouvait plus s’installer ni grandir sur cette terre brûlée, surtout pas elle. Il lui fallait quitter cet endroit qui l’avait vu naître, grandir et souffrir.
De longues recherches dans le village lui permirent de trouver des morceaux d’étoffes et de vêtements que le feu avait parfois assez épargnés pour qu’elle puisse s’en vêtir. Elle s’habilla de tout ce qu’elle put trouver : ceintures de tissu calciné, morceaux de tuniques déchirées ou encore fragments de capes à moitié ensevelies sous des poutres réduites en cendres et des murs écroulés. Son accoutrement était aussi dépareillé, miteux et élimé qu’il était possible de l’être, et ressemblait plus à un amas foutraque d’étoffes trouvées au hasard qu’à de véritables vêtements. Mais elle n’avait pas le choix et cela importait peu : rien ne serait de trop pour survivre seule dans le froid de l’hiver. À son grand dam, cependant, elle fut incapable de trouver le moindre morceau de nourriture comestible. D’une seule attaque, Thorsfeld avait détruit une grande partie de ce qui aurait pu la nourrir ; le feu avait fait son office sur le reste, la condamnant à la famine. Elle n’espérait pas pouvoir atteindre la ville la plus proche sans rien à manger ; restait la possibilité de chasser, mais c’était un art qui lui était inconnu, à elle qui n’avait jamais porté d’arme. Un arc aurait été idéal pour s’y essayer, mais aucun objet en bois n’aurait pu subsister dans les ruines. Tout ce qu’elle put trouver fut une épée ébréchée dont l’acier grossier et malmené casserait à la première occasion. Elle dut néanmoins s’en contenter. Enfin, il n’y eut plus un seul recoin du village qu’elle n’avait pas fouillé à la recherche de tout ce qui pourrait l’aider dans son exil.
Le temps était venu de tourner le dos à tout ce qu’elle avait connu.
Elle se mit à marcher à pas déterminés vers la forêt, sans jeter un dernier regard en arrière, car il n’y avait plus rien à voir qui ne lui inflige pas plus de douleur et de vaine nostalgie. Marchait-elle vers sa propre mort, livrée à elle-même dans un monde hostile et inconnu ? Impossible de le savoir. Impossible d’être sûre. L’estomac serré, elle porta son regard vers l’avant, vers les profondeurs sombres de la forêt que la pluie avait laissée emplie d’une humidité froide.
Sur son corps, des habits misérables. Sur ses épaules, la promesse d’un combat qu’elle ne pouvait gagner. Dans son esprit, une seule certitude : si elle devait rencontrer la mort, elle ne se figerait pas face à elle comme elle l’avait fait face au Dieu-Roi. Elle se battrait bec et ongle, et si sa rage était assez forte, elle la vaincrait.
Cet instant marquait le début de son combat contre le monde entier.
Ark referma le livre, ne laissant qu’un doigt pour marquer la page où il avait cessé sa lecture.
La lecture du livre blanc était passionnante, car son sujet l’était. Thorsfeld était partagé entre son impatience d’en savoir plus sur la découverte d’Edelynenlassja, la seule information vraiment importante à ses yeux, et l’envie irrésistible d’en savoir plus sur la vie de son ennemie jurée.
Le Prince regarda l’ancien Dieu avec un regard perçant. Ce dernier était assis au plus profond de son trône, tapotant la pierre de son accoudoir avec impatience.
Thorsfeld ne pouvait avouer à son lecteur attitré que lui aussi mourrait d’envie de lire l’intégralité du livre ; au lieu de cela, il lui laissait croire qu’il subissait sa décision.
Ark rouvrit le livre, tourna quelques pages et reprit sa lecture.
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