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Chapitre 27
L'univers, vu de l'extérieur
Le soleil lançait sur Dromengard ses habituels rayons matinaux, traversant quelques nuages éparpillés pour illuminer la ville d’Egeishel, bourgade perdue en plein milieu d’Alylyancë, célèbre pour ses performances honnêtes sur le marché du clou en acier. Même si en l’occurrence, « célèbre » était sans aucun doute un mot un peu fort.
Klov Eyland profitait de l’ambiance matinale à la terrasse de la taverne où il avait passé la nuit, attendant tranquillement le retour de ses camarades de la Garde Impériale, partis patrouiller dans la forêt entourant la ville ; des rumeurs la disaient habitée par des Ombergeists, ces monstres chimériques auxquels étaient attribuées des centaines de disparitions dans tout l’Empire. Mais deux jours de recherche dans les bois n’avaient pas eu plus de résultats que toutes les expéditions précédentes aux quatre coins de Dromengard. Les Ombergeists, s’ils existaient, semblaient éviter soigneusement la Garde Impériale ; une sage précaution, se disait Klov. Car si quelqu’un pouvait voir à quoi ressemblait un Ombergeist et y survivre, c’était bien un des membres de l’unité personnelle de l’Empereur. Leur chef, Freya Helland, leur avait confié cette mission. Elle leur faisait confiance. Mais pour le moment, ils étaient bredouilles.
Klov tira une bouffée de sa longue pipe. Il vit le tabac rougeoyer dans l’ouverture et recracha un long filament de fumée qui s’enroula sur lui-même avant de disparaitre au-dessus du toit de l’auberge, rejoignant les trainées blanches que les nombreuses cheminées de la ville laissaient échapper dans le ciel pâle. Finalement, il se décida à regarder ce morceau de parchemin que l’aubergiste lui avait amené. Il se cala confortablement dans son siège, les pieds posés sur une chaise, et parcourut les symboles écrits d’une main experte sur le morceau de papier. Sa lecture achevée, il leva un sourcil étonné, qui fut aussitôt remplacé par un air grave.
Halek Siland et Levi Eeland revenaient de la forêt, accompagnés de Java, dont la présence féline avait une fâcheuse tendance à rendre nerveux les villageois. Ce qui ne les empêchaient pas de saluer respectueusement les membres de la Garde Impériale ; un respect dont les anciens mercenaires avaient l’habitude depuis que l’Empereur avait fait d’eux ses « mercenaires privés », après que celle qui était devenue leur chef ait tué le Dieu-Roi. Ils traversèrent la ville en direction de l’auberge où ils résidaient, partagés entre le soulagement de n’avoir trouvé aucune trace d’Ombergeists, et la frustration que la recherche sans succès de ces ombres insaisissables faisait monter en eux, jours après jours.
Lorsqu’ils arrivèrent à proximité de la terrasse de l’auberge, Klov leur envoya des gestes de bienvenue.
Levi s’assit à son tour, laissant retomber sur ses épaules la capuche qui couvrait sa tête. Il portait en dessous de sa cape une tenue aux couleurs habituelles de la Garde Impériale, noir et rouge, couleurs qui ornaient aussi les vêtements et armures de ses camarades. Halek, lui, ne portait au-dessus de la ceinture qu’une cape écarlate sombre qui ceignait ses épaules, mais chacun savait qu’il la revêtait de mauvaise grâce ; il voyait d’un mauvais œil tout ce qui recouvrait ses chers tatouages. Java accepta une caresse de la part de son maître en s’allongea sous la table en baillant, léchant ses crocs de sa langue râpeuse. Pour des raisons évidentes, il était le seul membre de la Garde à être dispensé d’armure noire.
Halek reposa la bouteille de bière à moitié vide sur la table. Il avait avalé en quelques gorgées deux fois plus que son frère n’avait pu siroter depuis que l’aubergiste lui avait apporté la boisson. Ce dernier apparut à la porte avec un timing impeccable, et déposa des verres supplémentaires sur la table. Levi s’intéressa à son tour à la bouteille.
Il lui tendit le parchemin. Halek le tendit à son tour à Levi sans le lire.
Levi tendit le bras pour attraper le message, manquant de renverser au passage la bouteille de bière ; heureusement, des années à être confronté à la maladresse de son compagnon avaient doté Halek de réflexes foudroyant, lui permettant de rattraper le récipient juste à temps. Après un regard gêné, Levi attrapa le papier, et le lut tout haut, de sa voix mal assurée.
Les trois camarades se regardèrent avec circonspection. Java se contenta de regarder la jambe de Levi, sans étonnement visible.
Levi releva sa capuche nerveusement, comme il le faisait toujours lorsqu'il était embarrassé.
Il se leva en finissant son verre d'une traite. Alerté par le mouvement brusque, Java se mit au aguets à son tour.
Deux jours avaient passés à Dole-Halsring. Deux fois, Thorsfeld s'était couché, et deux fois, il avait vécu les mêmes nuits agitées, perdu dans ses rêves. Il ne savait pas si tout le monde rêvait de cette façon, mais lui n'était pas habitué, et il n'aimait pas ça.
Ses visions se précisaient nuit après nuit. Un rêve récurent où il apercevait une étendue blanche à perte de vue, sans même un horizon. Cela semblait devenir un peu plus net ; il lui semblait avoir aperçu des lignes. Des trous. Des irrégularités dans l'étendue jusque-là impeccable. Mais après tout, c'était peut-être une composante habituelle des rêves : du blanc, des voix lointaines, des chuchotements, des flashs irréguliers de lumière. Il n'avait cependant pas revu C.
Freya aussi était aux abonnés absents. Depuis qu'elle avait surpris Ark et Thorsfeld en train de pénétrer dans le récit de sa vie privée, il ne l'avait pas revue. Il s'avéra très vite qu'elle l'évitait, puisqu'Ark, apparemment, la croisait. Mais cela ne le dérangeait pas. Ce n'était pas comme s'il l'appréciait. Pas comme s'il cherchait sa compagnie. Qu'elle aille se faire voir, après tout ; ça l'arrangeait.
Il avait fallu plus d'une journée à Ark pour parcourir l'intégralité du registre de la Guilde Écarlate. Il avait fini par découvrir quelque chose d'intéressant : un creux. Une ligne vide. Ou quasiment. C'était un travail comme les autres, sauf que le commanditaire était inconnu, la cible était inconnue, le montant de la récompense était inconnu, de même que la date du contrat, la complétion de la mission et la plupart des autres informations. En fait, une seule colonne était renseignée : la réservation était au nom de Hel.
D'après Ark, Freya avait validé l'hypothèse. Ils avaient donc la quasi-certitude que c'était bien Slen Aarland qui avait tenté de les éliminer. Il fallait maintenant découvrir pourquoi.
La journée qui suivit, Ark passa un temps certain à écrire des messages, dont certains lui étaient dictés par Freya. Son oiseau eut le temps de faire plusieurs allers et retours, profitant du système de fenêtre de Dole-Halsring, décidément fort utile pour communiquer. Comment l'oiseau trouvait-il le chemin de retour alors que les fenêtres n'étaient présentes que d'un seul côté ? Mystère. Thorsfeld ne put s'empêcher de penser à son bien-aimé facteur parisien, qui réussissait l'exploit de ne trouver sa boite aux lettres que les jours impairs et les samedis de pleine-lune. Et l'oiseau n'avait même pas besoin d'un timbre, lui.
Ark lui avait expliqué que les estrillons neigeux étaient une race d’oiseau naturellement capables d’une certaine forme de télépathie, ce qui leur permettait d’échapper à leurs prédateurs. On les dressait en cachant leur nourriture, puis en y pensant très fort. Et ils la trouvaient. C’est ainsi qu’ils trouvaient à chaque fois la personne que leur maître cherchait à contacter. À chaque fois qu’il apprenait un de ces faits étonnants de Dromengard, Thorsfeld ne pouvait pas s’empêcher d’éprouver une certaine fierté. C’était intéressant, hein ? Eh bien, c’était son œuvre. De rien.
Le troisième jour, Thorsfeld se réveilla de son rêve habituel alors que le soleil était déjà gros dans le ciel. Il dormait mieux, sans doute grâce à l'habitude. Mais le fait qu'il soit coincé à Dromengard le tracassait toujours autant. Il ne pouvait plus attendre. Il fallait agir ; tant pis s'il devait donner de sa personne.
Il débarqua dans la grande salle alors qu'Ark était assis, comme d'habitude, en train de lire tranquillement, les pieds nonchalamment posés sur la table. Thorsfeld le regarda ; Ark leva la tête, mais avant qu'il ait pu saluer l'ex-Dieu-Roi, celui-ci s'exprima d'une voix tranchée :
Et avant qu'il ait pu se tourner pour constater qu'elle l'avait suivi dans la salle sans qu'il s'en aperçoive, elle appuya la paume de sa main sur sa nuque et, d'un geste brusque, arrangea une rencontre entre son front et la table. Il s'écroula lourdement à terre, les bras en croix, inconscient.
Freya attendit quelques minutes, puis Adda apporta sur un plateau un solide petit-déjeuner qu'il disposa devant elle. Elle entreprit alors d'avaler des petits pains beurrés avec appétit.
Il jeta un coup d'œil autour de lui après s'être relevé sur son séant comme s'il était monté sur ressort. Il était assis par terre, et un filet de sang coulait de son front là où la table avait fait preuve de son irréprochable dureté.
Son plan n'avait pas fonctionné. L'idée était de tomber assommé, et il s'était résolu à demander à Ark de le faire, puisqu'il en était lui-même incapable. Mais cela n'avait pas marché non-plus. Il ne s'était pas réveillé dans le monde réel ; au lieu de ça, panorama blanc habituel, et un son strident, mais qui s'était estompé lorsqu'il s'était réveillé. Pas un franc succès.
Il se releva comme si de rien n'était, tentant de récupérer sa contenance après cet épisode d'inconscience. Il regarda Freya en biais.
Il s'assit sur son siège habituel, placé de façon optimale, c'est-à-dire loin de la jeune fille. D'un geste de la main, il ordonna à Adda de lui amener son petit-déjeuner.
Instant de silence. L'annonce ne plaisait pas à Thorsfeld, mais impossible de le montrer : Freya ne devait pas savoir qu'il cherchait à récupérer sa couronne à Dolenhel, ni que si elle y retournait seule, elle emportait avec elle son seul espoir de pouvoir s'en approcher.
Ark soupira et referma son livre avec un « Clac ! » bruyant. Il regarda ses compagnons droit dans les yeux, les sourcils froncés.
Thorsfeld et Freya regardèrent Ark, se jetèrent un coup d’œil mutuellement, puis détournèrent leurs regards avec un dédain affiché.
Ark prit une inspiration teintée de lassitude. Il regarda bien ses deux interlocuteurs, l’un après l’autre.
Quelques instants de silence passèrent. Freya regardait Ark avec un regard où se mêlaient écœurement et détresse. Il en profita pour continuer.
Au vu du regard de Freya, la réponse était négative.
Thorsfeld affichait un sourire mesquin. Évidemment, il se délectait d’entendre toute la psychologie de Freya être déroulée devant lui par Ark, qui savait décidément déceler tout ce que renfermait un individu, s’insinuant dans la moindre fissure d’une personnalité pourtant blindée.
Il s’attendait presque à ce qu’Ark lui réponde « Un employé triste d’un producteur de cravates minable », mais sa réponse fut toute différente :
Thorsfeld avait quitté son sourire sardonique. Il regarda Freya froidement.
Thorsfeld sentait qu’il ne pourrait pas les convaincre. Des millénaires de mysticisme et de religion avaient créé une maille de croyances si forte que lui-même, le seul à les savoir fausse, aurait du mal à la briser. Mais si quelqu’un pouvait savoir, c’était lui.
Ark et Freya le regardaient comme s'il était dément. Aucun d’eux ne se laisserait convaincre que tout ce que l’humanité savait depuis l’aube des temps était faux. Ils avaient assez fréquenté Thorsfeld, de toute façon, pour ne pas accorder à sa parole plus de crédit qu’à celle de n’importe qui ; à leurs yeux, il n’était plus un Dieu, mais un simple humain. Rien n’aurait permis à quelqu’un qui ne le connaissait pas de soupçonner qu’il était l’ex-Dieu-Roi.
Thorsfeld se leva et se dirigea vers la porte de la grande salle d’un pas décidé. Les deux autres le suivirent du regard.
Ils pénétrèrent tous les trois dans une pièce se trouvant bien en deçà du niveau de la grande salle ; du moins, c’est ce que la série d’escalier descendant qu’ils avaient empruntés laissait entendre, mais à Dole-Halsring, monter en haut et descendre en bas n’étaient pas des pléonasmes.
La pièce était grande, vide, et mal éclairée. Edda, qui les avait suivis dans leur expédition, claqua dans ses mains, et immédiatement, les lanternes aux murs s’illuminèrent, projetant dans la salle une lumière ambiante chamarrée.
Au centre de la pièce se tenait une colonne, large d’une dizaine de mètres. Et sur la colonne, une vaste porte.
Ark et Freya le regardèrent avec circonspection.
L’avantage, dans cet environnement religieux, c’est que lorsqu’il laissait échapper une preuve de son appartenance à un monde plus avancé, n’importe qui assumerait que c’était des aperçus de la vie à Santengard. Il commençait à se demander si c’était une bonne idée d’essayer de prouver la non-existence du monde divin à ses compagnons…
Edda s’approcha de la porte et, en posant simplement ses mains sur la surface du marbre, écarta les deux battants qui coulissèrent à l’intérieur de la colonne, dévoilant l’intérieur ; simplement deux surface identiques au sol comme au plafond, ressemblant à du bois au grain fin, gravé du symbole du Dieu-Roi. Ils entrèrent tous les trois dans la colonne. Edda ferma la porte.
La sensation de chute libre prit tout le monde au ventre lorsqu’Edda fit partir l’ascenseur, mais Freya et Ark plus que Thorsfeld, car aucun d’entre eux ne s’attendait à ce que le sol se meuve.
Freya comprit immédiatement ce que ça signifiait.
Elle attrapa Thorsfeld au col, mais celui-ci s’y attendait, cette fois. Il posa sur elle un regard blasé.
Et soudain il réalisa. Mais c’était trop tard.
L’ascenseur atteignit le milieu de son voyage, au centre de la gigantesque masse minérale qui constituait la surface de Dromengard. Tous sentirent une inversion de la force irrépressible qui les attirait vers le sol, et avant qu’ils aient pu réaliser, ils s’envolèrent dans un mouvement paniqué vers le plafond, qui, de ce fait, devint le sol. Le monde sembla reprendre son sens normal alors que l’ascenseur continuait sa descente dans les profondeurs de la terre, empli désormais d’un fouillis de bras et de jambes emmêlés.
Thorsfeld grinça des dents, le menton douloureux maintenu à terre par le genou d’Ark qui avait atterri sur sa nuque. La surprise générale était palpable.
Ils se relevèrent. Les quelques secondes qu’il leur fallut pour se remettre debout et épousseter leurs vêtements furent suffisantes pour que l’ascenseur arrive à destination. Lentement, alors que la plate-forme ralentissait progressivement, la vision d’un paysage irréel s’imprima devant eux. L’ascenseur s’immobilisa. Ils étaient arrivés de l’autre côté, à l’extérieur de Dromengard. Ark et Freya virent, pour la première fois leur vie, quelque chose qu’ils n’auraient jamais imaginé pouvoir voir : le Termalath.
Ils descendirent de l’ascenseur avec précaution. C’était comme si aucun d’eux n’osait respirer. Ils se trouvaient sur un affleurement rocheux, et tout autour d’eux s’étendait un océan sombre, à perte de vue. De l’eau noire, calme, réfléchissante comme un miroir et aux profondeurs insoupçonnables, une surface paisible s’étendant jusqu’à l’horizon, seulement perturbée par quelques pics d’un roche noire aux strates acérées. Dans le ciel noir aux reflets multicolores flottaient des nuages immenses aux bords nettement découpés, titans gazeux immenses écrasant le paysage de leur présence moutonneuse, laissant entrevoir dans les parties des cieux qu’ils ne couvraient pas des lueurs mouvantes ; c’était comme un champ entier de comètes qui entourait Dromengard, et évoluaient lentement dans les cieux. De ce paysage, en même temps sombre et gorgé de lumière, émanait une ambiance de vide incommensurable, un immobilisme qui vous prenait à la gorge et vous dissuadait de le troubler. Aussi loin que les yeux puissent se perdre, il n’y avait rien. Rien que l’océan sombre, et un petit vent léger qui s’écrasait contre la peau comme un courant marin sur la coque d’un bateau. S’il fallait illustrer le mot « nulle-part » dans un dictionnaire, une photo de cet endroit parlerait mieux que n’importe quelle description. Ark et Freya avaient le souffle coupé face à ce qu’ils voyaient, et pourtant, c’est exactement ce que chacun imaginait en pensant au Termalath, le Néant Originel ; seulement, il était impossible de s’en rendre compte sans l’avoir contemplé de ses yeux.
Thorsfeld se régalait de la réaction estomaquée de ses compagnons. C’était exactement ce à quoi il s’attendait en leur montrant l’extérieur de Dromengard. Il comprenait leur ébahissement, car c’était la première fois que leur regard portait sur l’infini, en sachant sans aucun doute que de l’autre côté, il n’y avait rien, rien que le néant jusqu’aux limites d’un univers qui n’en avait pas. Ils avaient toujours vécu à l’intérieur de Dromengard, où la terre recouvre tout ; le ciel, à Dromengard, n’est que la terre, trop éloignée pour être distinguée.
Le Dieu-Roi n’avait pas créé le Termalath. Ou plutôt si, comme tout, mais c’était plutôt une zone qui s’était formée d’elle-même, à laquelle il ne s’était pas intéressé avant qu'un beau jour, il se demande ce qu’il y avait à l’extérieur. Il avait créé d’une pensée cet ascenseur permettant de traverser la croute terrestre. Depuis, il était revenu à plusieurs reprise, car cet endroit, chargé de sa spiritualité paisible, était un havre de sérénité hors d’atteinte de quiconque à part lui.
Ark était descendu au niveau de l’eau et tentait d’en déterminer la nature du bout du doigt. Thorsfeld fit signe à Edda de rester près de l’ascenseur et alla le rejoindre.
Regard fixe. Le Prince de Nornfinn ne le croyait pas. Thorsfeld cru utile de préciser ses explications.
Silence.
Il s’éloigna d’Ark. Freya se tenait au bord de l’affleurement rocheux, regardant au loin comme un conquérant regarde des terres inexplorées. Elle était silencieuse depuis leur arrivée dans le Termalath.
Elle pointa les filaments de lumière qui constellaient l’horizon.
Thorsfeld leva les yeux au ciel et commença à se tourner.
Il se tourna et suivi des yeux la direction qu’elle lui indiquait. En effet, il ne l’avait pas vu de prime abord, mais dans la direction opposée à celle dans laquelle ils regardaient jusqu’à cet instant, les filaments de lumière étaient plus visible ; pas seulement plus proches, mais surtout plus puissants, plus vif, et, en effet, ils se rassemblaient pour créer un immense pilier lumineux qui reliait l’océan d’Alfrost aux cieux infinis, faisant briller les contours des nuages.
La frêle silhouette d’Edda apparut quelques mètres au-dessus d’eux, derrière le mur de roches noires.
Thorsfeld regardait dans la direction de la colonne de lumière écrasante qui dansait au loin. « Ce n’est pas normal », se dit-il. « Je n’ai jamais vu une telle lumière. Et pourtant, Dolenhel n’a pas bougé depuis des décennies. Une telle lueur… Je l’aurais remarquée ».
Et puis une soudaine réalisation s’imposa à lui. Cette lumière, c’était bien lui qui la générait, ou du moins, sa puissance. C’était sans aucun doute la preuve que sa couronne se trouvait à Dolenhel, là où elle devait être. Il aurait dû y penser.
Freya resta immobile quelques instants. Puis elle se dirigea vers l'ascenseur d'un pas pressé.
Freya jeta un dernier coup d'œil sur l'étendue infinie du Termalath. La colonne de lumière de Dolenhel se dressait à l'horizon, aussi magnifique que menaçante.
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